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2017
Grandir d'un Monde à l'Autre (GDMA) : Bonjour Charlotte, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Charlotte Légaut : Je travaille en tant qu'illustratrice et graphiste. J'ai fait une école d'arts graphiques, puis commencé à publier des albums pour la jeunesse en tant qu'auteure illustratrice.
Aujourd'hui, je travaille plutôt pour la presse, jeunesse et adulte, et en tant que graphiste, principalement pour le milieu culturel. Dans le domaine graphique et plastique, je fais aussi de la sculpture et de la photo.
Je suis régulièrement amenée à encadrer des formations pour des publics variés : avec des étudiants, en milieu carcéral, pour des animateurs, avec des adolescents... J'aime que ces temps de « formation » soient plutôt un partage de pratiques et des mises en situation sur le terrain.
Comme j’ai plein de passions, j'aime bien créer des liens entre différents domaines : écriture et image bien sûr, mais aussi sport et écriture, corps et graphie, cartographie sensible...
GDMA : Nous vous avons sollicitée pour la création graphique de notre jeu de plateau portant sur le handicap. Quelles ont été vos motivations pour ce projet ?
Charlotte Légaut : Créer un plateau de jeu, c'était nouveau pour moi, et ce que j'aime le plus dans mon travail, c'est inventer. De plus, je suis sensible aux formes de marginalisation et de mise à l'écart d'une soi-disant norme. J'essaie de trouver l’échelle qui me convient pour agir, car je ne me retrouve pas non plus dans le militantisme. Je préfère trouver un mode doux pour proposer un autre regard sur les choses. Il me semble que c’était aussi l'enjeu de ce jeu, sur la question du handicap.
GDMA : Comment avez-vous abordé ce projet ? Et notamment le thème du handicap ? Est-ce un thème que vous aviez déjà traité dans d’autres projets graphiques ?
Charlotte Légaut : Très jeune, j'ai été confrontée à des personnes en situation de handicap. Mes parents étaient très engagés dans le milieu associatif, ma mère auprès de milieux populaires, mon père au sein d’associations autour du handicap. Mais, enfant, face à certains handicaps, parfois j'avais peur. J’ai cherché à dominer cette peur, car elle n’existait que par méconnaissance. Et puis autour de moi, dans ma famille proche, dans mes amis, il y a des personnes touchées par le handicap. Depuis, c’est devenu naturel de partager des moments de vie, comme avec n’importe qui d’autre.
Pour le projet, ma problématique est qu’il y a des handicaps plus faciles à distinguer de visu. Dessiner un fauteuil roulant, ce n’est pas très compliqué. Dessiner des neurones qui se percutent ou dessiner la surdité, c’est beaucoup plus abstrait.
Pour moi, être handicapé, c’est ne pas pouvoir faire quelque chose. Mais on est tous handicapé de quelque chose. Alors j’ai envie de dessiner mes personnages comme tout un chacun.
Mes personnages sont souvent à l’image du bonhomme-patate d’un enfant qui commence à dessiner. Ils ne sont ni gros ni maigres, ni grands ni petits, ni handicapés, ni « normaux », ils sont dessinés en noir et blanc et pour moi, ils n’appartiennent pas à un groupe ethnique particulier, ils n’ont souvent pas d’âge, ils sont juste humains. Ce qui m’intéresse, plus qu’un aspect identitaire, c’est de chercher à faire transparaître par le mouvement et l’expression un état intérieur. Avoir des émotions, ça c’est commun à tous.
J’ai régulièrement l’occasion de mettre en scène des personnages en situation de groupe, j’essaie d’inclure des petites nuances dans mes personnages qui permettront à chacun de pouvoir s’identifier, mais en fauteuil, comme fille ou garçon, colérique ou rêveur …
GDMA : Pouvez-vous nous dire quels sont vos projets en cours et ceux à venir ?
Charlotte Légaut : En ce moment, outre le jeu, je travaille sur un projet avec des jeunes en décrochage scolaire. Ils ont réalisé un chantier d’aménagement en réhabilitant une mare, il s’agit maintenant de créer des panneaux qui présenteront l’écosystème et les espèces qu’on peut y retrouver et puis de créer un carnet de voyage qui retrace l’aventure du projet.
Je travaille aussi sur un projet de collecte de mémoire d’un quartier.
J’ai des « piges » régulières : une petite bande dessinée pour la presse jeunesse, un article thématique à illustrer pour la presse adulte.
Enfin, je m’intéresse de plus en plus au film d’animation et je commence à réaliser des petits scénarios en animant mes dessins. Le temps qui se déroule amène une dimension supplémentaire à la page. Ça amène encore plus d’inventivité et un peu de magie. Ça me plaît !
Pour découvrir l'univers de Charlotte Légaut : charlottelegaut.com
Ci-dessous une photo du plateau de jeu en cours de création.
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