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Avril
Mai
2014
Cette action de sensibilisation est développée à l'initiative de plusieurs enseignants. Les élèves découvriront divers handicaps en rencontrant plusieurs associations : Les chiens guides d'aveugles, Handisport et Grandir d'un Monde à l'Autre. En collaboration avec l'interface Mauve Leroux, nous leur feront, pour notre part, découvrir la culture sourde et la langue des signes françaises.
Rencontre avec Mauve Leroux
Bonjour Mauve Leroux, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis éducatrice de jeunes enfants de formation. J'ai occupé un poste de direction d'une halte-garderie itinérante en Charente-Maritime il y a quelques années. J'ai été amenée un jour à accueillir une famille sourde qui souhaitait inscrire son enfant. La communication a été très difficile ! Et j'étais aussi handicapée qu'elle !
J'ai donc voulu apprendre la langue des signes française, consciente que c'est à nous entendants d'apprendre cette langue, puisque les Sourds ne peuvent pas entendre. Après une formation intensive, il était primordial de consolider mes connaissances en pratiquant le plus possible. C'est ainsi que je suis devenue interface de communication. Je suis beaucoup intervenue dans des classes de collège pour traduire les cours pour des élèves Sourds.
À présent, je travaille dans une association qui propose des formations en LSF. Le directeur et la formatrice sont Sourds, je forme donc un pont de communication entre les Entendants stagiaires et l'équipe.
En quoi est-ce important pour vous de participer à ce type d’action de sensibilisation autour de la culture sourde ?
Je suis très sensible à la condition des Sourds en France. Par rapport à d'autres pays européens, nous sommes très en retard en ce qui concerne la prise en charge des Sourds. Il y a un manque flagrant d'interprètes en LSF, ou d'interfaces. Du coup, les Sourds sont livrés à eux-mêmes dans leur vie quotidienne ou professionnelle. La plupart du temps, ils doivent se débrouiller seuls pour communiquer (en lisant sur les lèvres, en écrivant sur des feuilles...) et souvent, l'essentiel du message est tronqué. Or la connaissance de la langue des signes française ne passera que par ce genre d'actions. Il faut sensibiliser le plus de monde possible autour de la LSF, en montrant qu'elle existe, qu'elle peut s'apprendre comme n'importe quelle langue étrangère et qu'elle permet aux entendants et aux Sourds de communiquer ensemble.
Les jeunes Sourds sont-ils facilement en relation avec des jeunes Entendants, à l’école notamment ? Comment se déroule la scolarité des enfants et des jeunes Sourds en France ?
Je pense que l'école et la pédagogie actuelle ne sont pas adaptées pour les enfants Sourds. Bien sûr, une personne est là pour traduire les cours (et encore, pas toujours !), mais la pédagogie même n'est pas adaptée à leur intelligence visuelle. Les phrases en LSF ne sont pas construites de la même façon que le français. Par exemple, pour dire "je vais au cinéma", on signera en LSF "cinéma-moi-aller".
Par contre, je pense que c'est bien que les Sourds soient intégrés dans des classes d'Entendants, il n'est pas question de les marginaliser ! Ils seront plus tard amenés à vivre tous ensemble.
Peut-être que certaines matières comme le français, l'histoire, les mathématiques devraient faire l'objet d'une prise en charge particulière. Mais cela demanderait beaucoup de moyens...
La LSF est-elle connue des jeunes ? Est-ce une langue facile à apprendre ?
Les jeunes qui ont la chance de côtoyer des Sourds dans leur classe ont conscience que la langue des signes française existe et y sont sensibilisés très tôt. Mais en général, cette langue est assez méconnue. Pourtant, c'est une langue qui est très esthétique et qui est très facile à apprendre. Il faut dépasser la première difficulté en essayant de penser différemment, en image et non en mots, et nous ne sommes pas habitués. Mais passé ce cap, en quelques mois et suivant la motivation et le travail personnel, on acquière un bon niveau. Ensuite, il faut pratiquer le plus possible en rencontrant des Sourds lors des cafés-signes par exemple. Une option au bac de LSF est maintenant proposée, mais dans certains lycées, minoritaires...
Merci Mauve !
Rendez-vous en juin 2014 dans la prochaine lettre d'information pour un compte-rendu de ces rencontres.
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