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Mars
Avril
Mai
2015
Editions d'un Monde à l'Autre (EDMA) : Bonjour Frédérique, bonjour Valentine. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Frédérique : J'ai fait des études de droit et je suis diplômée dans le domaine de l'animation. Mon activité principale est l'animation d'ateliers d’écriture pour enfants, adolescents et adultes. J’assure ces ateliers au sein d'associations, dans des écoles, en milieux spécialisés, dans les maisons de retraite, bref partout où l’on me demande.
Valentine : Je suis passionnée par le dessin depuis ma toute petite enfance, j’ai toujours manifesté l’expression de moi-même en images. La magie du dessin, c’est qu’il donne la possibilité de transformer la réalité et de voyager dans l’imaginaire.
De nature sensible et solitaire, transposer en images les scènes de la vie et mes ressentis m’a apporté beaucoup de satisfaction.
J’ai toujours voulu en faire mon métier, c’était ma voie.
J’ai étudié les Arts appliqués, que j'enseigne depuis 15 ans, et suis diplômée de l’école des Beaux-Arts. J’anime aussi des ateliers de dessins et de peinture auprès d’enfants et d’adultes.
J'expose mes créations personnelles depuis 5 ans et j'ai illustré mon premier livre en 2011. La publication m'a donné l'occasion d'arpenter salons du livres et bibliothèques.
EDMA : Frédérique, Balthazar du grand bazar est-il votre premier album édité ?
Frédérique : Non, j’ai déjà publié aux éditions du Traict « La berceuse de Ben » en 2010.
Valentine : J’ai illustré un recueil de poèmes en 2011 ainsi qu’un magazine féminin en 2014.
EDMA : Pourquoi avoir choisi d’écrire un texte en rimes ?
Frédérique : Lorsque j’ai débuté l’écriture de cette histoire, j’ai eu très vite la sensation qu’elle devait ressembler à une comptine. Cela est sans doute dû au fait que Balthazar est musicien !
EDMA : Ecrivez-vous seulement pour la jeunesse ? Quels sont les thèmes que vous aimez aborder dans vos histoires ?
Frédérique : Non, j’écris aussi pour les adultes et adolescents : recueil de poèmes et de nouvelles paru en 2012 « Des mots, des faits… des faits, des mots… ». Ces deux formes d’écriture m’ont permis de traiter des thèmes de société, d’actualité qui me tiennent à cœur. Je donne ma vision, mon ressenti avec parfois un ton décalé.
EDMA : Le héros de Balthazar du grand bazar est un personnage qui est différent des autres en raison d’un handicap. Pourquoi avoir choisi un héros « différent » ?
Frédérique : Sensibiliser les plus jeunes à la différence, à la question du handicap est important pour moi. C’est une façon de contribuer à une meilleure intégration sociale de la personne en situation de handicap. Plus on aborde tôt les questions liées aux handicaps, plus les regards changent rapidement et la différence cesse d’être un élément d’exclusion.
Lorsque l’on comprend les choses, que l’on peut les nommer, elles font moins peur.
Il faut bien avouer que c’est aussi pour moi un moyen original de témoigner.
EDMA : Valentine, quelles techniques d’illustration utilisez-vous ? Dans Balthazar du grand bazar, quelle technique avez-vous choisi ?
Valentine : J’utilise plusieurs techniques, alliant le collage, la peinture et les logiciels de dessin.
J’aime jouer avec les contrastes d’ombres et de lumières, de noir et de couleurs, une façon personnelle de traduire les deux polarités de la vie. J’ai choisi le texte de Balthazar dans ceux que m’a proposés Frédérique car le fait que l’histoire se déroule en grande partie la nuit me plaisait particulièrement. Un univers sombre avec une fin lumineuse !
EDMA : Valentine, illustrez-vous seulement pour la jeunesse ? Quels sont les thèmes que vous aimez aborder ?
Valentine : Je produis beaucoup, particulièrement portée par les thèmes de l’amour, la féminité, le monde céleste…
EDMA : Vos illustrations ont un petit côté « rétro » ; quelles sont vos sources d’inspiration privilégiées dans l’élaboration de vos illustrations ?
Valentine : Quand j’ai commencé à faire intervenir le collage sur mes illustrations, j’ai retrouvé toute une série de tissus fleuris et de la dentelle qu’utilisait ma grand-mère, passionnée de couture. Je les utilise encore ; cela donne un côté rétro et nostalgique à mon univers graphique.
EDMA : Au printemps, nous ferons paraître Balthazar du grand bazar, qui parle de la différence, du handicap et du regard porté sur celui-ci. Pouvez-vous nous en parler ? Comment est née l’envie d’écrire cette histoire ?
Frédérique : Pour moi le handicap, la différence, font tous deux partie de ma vie puisque je suis moi-même en situation de handicap.
J’ai longtemps travaillé en milieu scolaire et les enfants abordaient facilement le sujet du handicap avec moi. Je répondais à leurs questions mais cela était moins évident lorsqu’il s’agissait d’un handicap très différent du mien.
Plusieurs fois les enfants et moi avons cherché des albums traitant du handicap mais il y avait peu de livres sur ce sujet. Ce vide c’est le point de départ de ma décision d’écrire.
EDMA : Comment s’est mise en place votre collaboration sur ce projet ? Aviez-vous déjà travaillé ensemble ?
Frédérique : Nous animons des ateliers d’écriture, pour ma part, et d’arts plastiques, pour Valentine, dans la même association. Lorsque j’ai débuté l’écriture de Balthazar j’en ai parlé à une amie dont la fille suivait les cours de Valentine. Elle m’a conseillé de prendre contact avec Valentine.
Valentine : Nous ne nous étions jamais rencontrées jusqu'au mois d'octobre 2013, date à laquelle l'association nous a demandé de réaliser une exposition rassemblant les travaux de dessin de mes élèves et d’écriture des siens. C’est en me contactant par mél que Frédérique est tombé sur mon site internet et par la suite m'a proposé le projet.
EDMA : Pensez-vous que la question des différences est suffisamment présente dans la littérature jeunesse ? Comment aimez-vous vous en emparer dans vos projets d’écriture et d’illustration ?
Frédérique : Les différences sont une richesse pour notre société. À mon sens il n’y aura donc jamais assez de publications pour prouver que toute personne doit avoir sa place dans notre société. Mon écriture se nourrit de : la vie au quotidien, les animaux, les documentaires, ce sont mes sources d’inspiration favorites.
EDMA : Vous intervenez l’une et l’autre auprès des enfants en animant des ateliers d’écriture et d’illustration ; avez-vous abordé le thème des différences avec ce public ? Comment est-il reçu ?
Frédérique : Oui bien sûr, c’est un grand chantier à chaque fois car pour les enfants la différence reste abstraite s’ils n’y sont pas confrontés directement.
Les guider sur ce terrain est très enrichissant, c’est participer à la naissance,
à la prise de conscience de leurs vies de citoyens.
Valentine : Mes cours sont assez techniques mais nous en parlons à chaque fin d’exécution car chacun à sa sensibilité, sa manière propre de voir et retranscrire les choses. J’ai aussi plusieurs élèves avec des handicaps physiques qui se révèlent à travers l’expression graphique.
EDMA : Quelle est votre actualité à toutes les deux ? Quels sont vos projets autour de la littérature jeunesse ?
Frédérique : Balthazar bien sûr !
Valentine : En illustration, j’ai eu des propositions récemment mais cela ne correspondait pas à mes attentes… Je ne compte pas m’arrêter là bien sûr, peut-être un autre projet avec Frédérique pourquoi pas !
Propos recueillis par Elisabeth Chabot
Valentine Manceau a un site : www.mllevalentine.fr
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