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Regards d'un Monde à l'Autre - Éditorial : Rien vu venir et Paf !

22

Septembre
Octobre
Novembre
2012

Éditorial : Rien vu venir et Paf !

par Olivier Raballand

C’est arrivé d’un coup. On ne peut pas dire qu’on ne savait pas, qu’on n’était pas prévenu. Et pourtant… Stupéfaction !
À bien y réfléchir, il y avait quelques signes avant coureur. Cette voix de baryton qui couvrait la musique déjà forte dans sa chambre. Ces vacances en Bulgarie et la découverte « des poils au zizi ». L’intéressé se plaisait à répéter haut et fort nous faisant alors apprécier à sa juste mesure le confort de ne pas toujours être compris de la langue du pays.
Nous aurions pu également suspecter le programme « essorage » de notre machine à laver rétrécissant sérieusement, mais de façon sélective, jeans et polaires.…
Aurions-nous été jusqu’à consulter un médecin voyant qu’Hugo le « petit grand frère » de Paul était devenu vraiment son « petit petit frère » ? N’exagérons pas trop.

Nos rassurants réflexes de parents nous faisaient dire qu’il était encore proche le temps des apprentissages de la marche, du boire et manger, de la parole, du vélo, du ski, ainsi que celui des convenances que la vie en société impose : ne plus demander noms et âges des caissières des supermarchés, ne plus dire bonjour à tous les passants de la rue. Des étapes avaient été franchies.
Il n’y avait pas si longtemps que notre peur de l’inconnu s’était apaisée, que notre confiance en cet être différent avait grandi et s’était renforcée. Pas si longtemps qu’en nous apprivoisant mutuellement nous avions aussi appris à nous protéger des idées courtes et lapidaires.
À l’instar des parents ordinaires que l’évolution soudaine de leur enfant surprend, notre vie avec le handicap pouvait bien avoir ajouté un peu plus à notre envie de confiner l’enfance, de préserver ce temps des regards complices. Ce temps où, à l’extraordinaire de la situation, l’excuse de l’enfance couplée à celle du handicap venait mettre un petit coup de canif au conformisme et à l’ordre établi.
Oui, pas si longtemps et pourtant, ce temps-là est passé, sur les photos écornées, aux détours des carnets de route de nos vacances, dans cette armoire aux piles de vêtements trop courts.
Le changement de notre machine à laver, le retrait des piles de l’horloge, rien n’y fait, le temps s’écoule, les enfants grandissent, les parents vieillissent.

Je garde une fascination pour la question de l’adolescence, comme si elle supplantait le sujet.
Chacun de nous, adultes, avons été adolescents. L’adolescence se construit également avec des individus ayant franchis cette période de la vie et devenus homme ou femme ensuite.
Dans notre rôle d’adulte, il est probablement plus « confortable », plus rassurant tout au moins de nous dire « ils font leurs crises d’adolescence ». Cela nous pose, d’emblée, en spectateurs totalement passifs et fatalistes, totalement détachés de ce que notre enfant devenu adolescent vit.
Pour autant, est-ce aussi anodin pour des parents d’observer le passage de l’enfance vers la vie d’adulte d’un être que l’on a mis au monde ?
Voir son enfant devenir adolescent est une joie, une satisfaction ultime et puis c’est aussi d’une violence et d’une cruauté sans nom, jamais exprimées, jamais conceptualisées, jamais avouées.
Pourtant, quel sacré coup de boomerang que ce temps qui passe et qui vous revient en direct dans la nuque ! Rien vu venir et paf ! c’est là...…

Olivier Raballand

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